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Des lobbyistes pro-Mercosur à l’Elysée pendant que les députés votent contre l’accord UE-Mercosur

lundi 1er décembre 2025

Le jour-même où une très large majorité des députés votaient à l’Assemblée nationale une résolution lui demandant de bloquer l’accord UE-Mercosur, Emmanuel Macron recevait des acteurs économiques et politiques brésiliens de premier plan favorables à l’accord UE-Mercosur, dont des représentants de JBS, plus grand éleveur de bétail au monde. Pour le collectif national Stop Mercosur, c’est un nouvel exemple du double jeu du Président de la République : dire qu’il n’est pas (encore) satisfait de l’accord, tout en rassurant les milieux économiques derrière portes closes sur le fait que cet accord nocif verra bien le jour. Pour le collectif national Stop Mercosur, le message provenant de l’opinion publique, de la société civile et des assemblées est pourtant très clair : la France avait le pouvoir de stopper cet accord (avec d’autres) — elle a désormais le devoir moral et politique de le faire.

Ce jeudi 27 novembre, les députés ont voté à une large majorité une résolution qui appelle E. Macron à bloquer l’accord UE-Mercosur. Après avoir écrit aux députés pour qu’ils votent cette résolution, le collectif national Stop Mercosur s’est félicité du vote de cette résolution et de son message clair : clause de sauvegarde ou pas, mesures miroirs ou pas, la France a le devoir de bloquer cet accord en construisant une minorité de blocage.

Des lobbyistes au MAE et à l’Elysée

Ce même 27 novembre, l’Elysée et le Ministère des affaires étrangères recevaient pourtant en catimini - ce n’était initialement pas à l’agenda public d’E. Macron - des acteurs économiques et politiques brésiliens de premier plan favorable à l’accord UE-Mercosur, à l’occasion à l’occasion du Forum LIDE France-Brésil, un forum d’affaires fondé par l’ancien gouverneur de São Paulo, João Dória. Parmi les présents :

  • Michel Temer, ex-président du Brésil (2016-2018) ainsi que plusieurs élus de haut-rang brésiliens,
  • José Batista Junior, fils du fondateur de JBS et un des anciens dirigeant de cette multinationale qui est le plus grand éleveur de bétail au monde (voir détails ci-dessous). Il dirige aujourd’hui JBJ Agriculture, toujours dans l’élevage bovin.
  • Katia Abreu, ex-sénatrice et désormais conseillère de JBS, o
  • Kennedy Alenca le directeur des relations institutionnelles de Vale, deuxième plus importante compagnie minière du monde.

Affiche du déplacement des leaders brésiliens à Paris {JPEG}

Affiches de ces rencontres

Entreprises partenaires, participantes et sponsors de ces rencontres. {PNG}

Entreprises partenaires et participantes à ces rencontres

Côté français, étaient présents Philippe Gautier le Président du Medef international, Jean-Pierre Clamadieu le président d’Engie, Paulo Castellari le PDG de l’entreprise minière Eramet, Kristell Guizouarn, directrice des affaires publiques de Terreos, ou encore Marie-Cécile Tardieu directrice générale déléguée chez Businesn France.

Des propos pro accord de libre-échange

Le 27 novembre au matin, pendant le vote des députés à l’Assemblée nationale, le MAE a accueilli une table-ronde intitulée « La contribution de l’agro-industrie brésilienne à la sécurité alimentaire mondiale et les perspectives commerciales dans les échanges bilatéraux entre le Brésil et la France ». A cette occasion, les propos faisant la promotion de l’accord de libre-échange UE-Mercosur et des produits de l’agrobusiness brésilien ont été nombreux :

  • Katia Abreu : « Cet accord est plus que bienvenu. (...) C’est dans l’intérêt du Brésil de continuer à importer encore plus de produits français dans le respect des quotas fixés, et dans le même temps d’exporter davantage vers l’Europe »
  • L’héritier du fondateur de JBS : « Nous exportons beaucoup de viande, des protéines animales, du bœuf, du porc, de la volaille.. Nous sommes présents sur tous les continents et cet accord va renforcer nos liens avec le marché européen. Nous ne sommes pas là pour nuire, mais pour fournir, aider et sécuriser avant tout l’approvisionnement en Europe »

Présentation de la table-ronde sur la sécurité alimentaire {PNG} PNG

Présentation de la table-ronde et des intervenants sur la sécurité alimentaire et le commerce transatlantique

Réception à l’Elysée

Les représentants de ces multinationales brésiliennes ont ensuite eu un accès direct à E. Macron lors d’une réception organisée l’après-midi à l’Elysée. A la sortie de cette rencontre, plusieurs représentants brésiliens ont déclaré à la TV brésilienne qu’ils étaient très confiants sur la conclusion de l’accord de libre-échange UE. Mercosur. Selon Michel Temer, « E. Macron ne s’opposerait pas à l’avancée de l’accord ». Selon le patron du LIDE, organisateur de cette rencontre, Luiz Fernando Furlan, E. Macron a été clair : « il soutient l’accord Mercosur-UE, avec des conditions déjà connues ».

Annonce de la réception à l'Elysée accueillie par E. Macron {PNG}

Présentation de la réception à l’Elysée

Réception par E. Macron des représentants d'entreprises et politiques brésiliens {JPEG}

Photo d’E. Macron avec Michel Temer, ex-président brésilien, et des représentants d’entreprises brésiliennes

A l’Elysée, c’est donc tapis rouge pour les lobbyistes pro-accord UE-Mercosur qu’E. Macron rassure sur la conclusion prochaine de l’accord ... quand, dans le même temps, c’est silence radio pour les organisations de la société civile : à ce jour, les 46 organisations de la société civile signataires d’une lettre ouverte à E. Macron publiée le 28 Octobre dernier n’ont toujours reçu aucune réponse. Les lobbys économiques OUI, l’intérêt général NON.

A se demander si E. Macron n’a pas désormais probablement un agenda caché qui pourrait consister in fine à accepter (ou ne pas bloquer) la ratification de l’accord de libre-échange UE-Mercosur, en contrepartie d’une clause de sauvegarde et de mesures miroir qui ne changeront pas le caractère nocif de cet accord. Le collectif national Stop Mercosur appelle à ne pas se résigner et à redoubler d’efforts :



Encadré : Qui est JBS ?
JBS est une multinationale de l’élevage regroupant 270 000 collaborateurs répartis à travers le monde, qui exporte vers 150 pays et se dit en mesure d’abattre 75 000 bovins par jour. Fondé en 1953, JBS est le mastodonte du secteur de la viande. Son chiffre d’affaires est de 66 milliards d’euros. Dans deux enquêtes, l’ONG Greenpeace a montré que le groupe JBS a commercialisé des bovins élevés sur des terres déboisées illégalement puis transférés dans d’autres propriétés.

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